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RiverPlate
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Merci !

ils font les moralisateurs sur le pauvre beubeu et autre mladeno et caro...

lol
anthonylg
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anthonylg  FTG FTC
Merci beaucoup Guga !
GugaGuga
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GugaGuga  Courant Alternatif
Selon un nouveau rapport de l'Inspection générale de la jeunesse et des sports, la Fédération française de tennis est en pleine déshérence. Les inspecteurs donnent un luxe de détails sur les trafics de billets de Roland-Garros et une tentative de trafic d'influence. Mais ils révèlent aussi le « pacte de silence » conclu sur ces dérives par les dirigeants de la fédération, dont deux des candidats à sa présidence.



Soupçons de trafic de billets, soupçons de tentative de trafic d’influence : on savait depuis quelques mois, grâce à plusieurs enquêtes de presse, dont celle du Canard enchaîné, que la Fédération française de tennis (FFT) était entrée dans une crise gravissime. À la suite d’une mission de contrôle de l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), un signalement au parquet est d’ailleurs intervenu, et le 19 mars dernier le Parquet national financier a même ouvert une enquête préliminaire à ce sujet, ce qui a débouché sur une première perquisition le 3 mai 2016, au siège de la FFT.



Mais sans doute n’avait-on pas encore pris la mesure exacte du véritable naufrage que connaît cette fédération. Car l’Inspection générale de la jeunesse et des sports a poursuivi ses investigations et a bouclé un nouveau rapport d’étape, daté du 12 avril 2016, qui fait une large synthèse des graves dysfonctionnements au sein de la FFT. À le consulter, le doute n’est guère permis : cette fédération, qui regroupe 1,1 million de licenciés, ce qui en fait la deuxième fédération sportive derrière la Fédération française de football (FFF), est en train de sombrer. Une véritable pétaudière, tombée entre les mains d’un petit clan qui est à l’origine de ces irrégularités ou qui s’est entendu pour les taire. Non seulement il y a en effet bel et bien de fortes suspicions de trafic de billets pour Roland-Garros, et de tentative de trafic d’influence – le rapport en présente tous les indices, qui accablent en particulier le président sortant de la fédération, Jean Gachassin –, mais par surcroît, le même Jean Gachassin est mis en cause par les inspecteurs pour d’autres manquements : « écarts de conduite » et « manquements à la probité ».

Et ce n’est toujours pas tout : le rapport raconte par le menu comment la plupart des autres dirigeants, loin de défendre les intérêts de la fédération qui est supposée assumer par délégation de la puissance publique des missions de service public et qui est reconnue d’utilité publique, se sont appliqués à étouffer l’affaire, à écarter Jean Gachassin de toutes les décisions importantes et à respecter entre eux un « pacte de silence ».



C’est dire si la bataille engagée en cette fin d’année en vue de nommer un successeur à la tête de cette fédération se déroule dans des conditions surréalistes : car certains des candidats au poste de président, parmi lesquels le secrétaire général Bernard Giudicelli et le vice-président délégué Jean-Pierre Dartevelle, sont ceux-là mêmes qui auraient conclu ce « pacte de silence » pointé par le rapport.



Avant de pénétrer dans le détail de tout ce que révèle ou confirme ce rapport, il faut d’abord en évoquer la genèse. Les inspecteurs précisent que c’est « une note anonyme dénonçant un certain nombre de dysfonctionnements » dont l’IGJS a eu communication en mai 2015 qui les a alertés. Ils précisent qu’ils ont recueilli par la suite de nombreux témoignages laissant à penser que beaucoup de ces irrégularités étaient vraisemblablement avérées, mais ils ajoutent que tous les faits dénoncés n’ont pas été « corroborés » dans leur intégralité ou pouvaient même avoir été grossis dans une « visée déstabilisatrice ».



Mediapart, qui enquête sur cette affaire depuis très longtemps (voir notre Boîte noire) et qui a obtenu une copie de ce rapport, a donc décidé de le publier, mais en l’expurgeant de l’une de ses annexes, celle qui reproduit cette note anonyme.



Voici donc le rapport de l’Inspection, assorti de ses principales annexes, hormis la note anonyme. On peut le télécharger ici (pdf, 10.7 MB) ou le consulter ci-dessous : (le bousin fait 58 pages, tu veux le pdf ?)



1. Avant le scandale Gachassin, le scandale Bîmes



Pour comprendre la gravité des faits mis au jour par ce rapport, il faut d’abord avoir à l’esprit que la FFT n’en finit pas de vivre dans des scandales à répétition. Avant même les turbulences présentes, la fédération avait en effet connu une crise majeure, avec la condamnation au début de l’été 2009 de son président de l’époque, Christian Bîmes, pour « prise illégale d’intérêts » et « abus de confiance » par la 11e chambre correctionnelle de Paris (lire Le patron du tennis français va rebondir au tribunal).



Mais à l’époque, la FFT s’était bien gardée de tirer publiquement les leçons de ces dérives. Les choses avaient été prestement menées pour que l’affaire fasse le moins de bruit possible. Si les dignitaires de la FFT avaient poussé en avant Jean Gachassin pour qu’il devienne le nouveau président, c’était précisément pour tourner la page Bîmes, sans faire de vagues.



C’est ce que rappelle de manière allusive le rapport de l’IGJS : « Il convient de rappeler que c’est dans un contexte de crise que s’est organisée la succession de M. Bîmes, précédent président de la FFT, condamné pour prise illégale d’intérêts en 2009. Le choix de M. Gachassin pour lui succéder était tout à la fois destiné à éviter à la tête de la fédération ceux qui constituaient antérieurement son “opposition” et à restaurer l’image de la FFT, auprès des licenciés, des partenaires de la FFT, et du grand public. »



C’est donc à cet effet que Jean Gachassin a été choisi, lui qui était vice-président de Christian Bîmes depuis 1997. Traduction : il s’agissait à l’époque d’éviter un grand déballage et de permettre aux proches du président déchu de garder le pouvoir. Sans doute est-ce ce qui explique que les enseignements de ces dérives n’aient pas été publiquement tirés et que l’éviction de Christian Bîmes n’ait en réalité rien réglé.



Des billets revendus jusqu’à 30 fois le prix



2. Les soupçons de trafic de billets



C’est donc une note anonyme qui a mis l’Inspection générale de la jeunesse et des sports sur la piste de possibles trafics de billets. L’IGJS a alors diligenté une inspection et, sans en attendre la fin, a estimé qu’elle disposait d’indices suffisamment graves pour en saisir le parquet. C’est donc dans ces conditions que le Parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire le 19 mars dernier.



Dans le cadre de son inspection, l’IGJS a d’abord réalisé une première note de synthèse de 11 pages, dressant un relevé des premières irrégularités. Ce sont les conclusions de cette première note de synthèse que Le Canard enchaîné a révélées le 17 février 2016. Voici à l’époque quelques-uns des trafics de billets qu’évoquait notre confrère : « La première affaire éclate en 2010. Gachassin est en poste depuis à peine un an quand 250 billets estampillés ”Cabinet du président” sont découverts dans la nature. Alors que les places à Roland-Garros sont rares et chères, le nouveau patron s’amuse à en distribuer par paquets de cent. À sa demande, son cabinet les fourgue à une agence amie, Midi Olympique Voyages, basée à Tarbes, dans son Sud-Ouest natal. Le président de la FFT fait ainsi discrètement le bonheur d’un vieux pote de rugby, qui gère cette agence, Bruno Larroux : une fois les billets en poche, ce dernier monte des ”package VIP”, revendus au moins cinq fois plus chers (avec voyage, hôtels, restos, etc.) et il en tire un confortable bénéfice. »



Et plus loin, Le Canard enchaîné apportait cette précision : « Dans ce sombre négoce de billets, Gachassin ne touchait pas directement d’oseille. Mais Jeannot, ex-international de rugby, était régulièrement trimballé au Tournoi des six Nations, tous frais payés par Midi Olympique Voyages. »



C’est donc la version intégrale de l’histoire que le rapport de l’IGJS en date du 12 avril 2016 présente. En fait, la pratique de revente de billets de Roland-Garros était courante, et Jean Gachassin n’en a visiblement pas été le seul bénéficiaire. Dans le document, on lit en effet ceci : « Il a été indiqué aux rapporteurs (…) que plusieurs grands joueurs français de renom ainsi que le président de la FFT s’étaient livrés, ou avaient rendus possibles, des trafics lucratifs de billets pour assister au tournoi des Internationaux de France à Roland-Garros ; les responsables de la fédération déclarent avoir mis un terme très progressivement à ces agissements qui seraient, pour l’essentiel, antérieurs à 2011 (…). Traditionnellement, les anciens joueurs de l’équipe de France de tennis et des personnalités du tennis français disposent de places pour assister au tournoi de Roland-Garros. Un commerce assez lucratif se serait progressivement mis en place autour d’une partie de ces places, vendues pour des montants très au-delà de leur valeur faciale (parfois près de 30 fois la valeur du billet selon ce qui a été indiqué aux rapporteurs. »



Ce trafic de billets a été découvert dans le courant de l’année 2010, et la FFT y a mis un terme « sous le pilotage actif » de Bernard Giudicelli, le secrétaire général de la fédération. Dans un mail en date du 25 janvier 2016 que le même Bernard Giudicelli adresse aux responsables de ligue le soutenant pour devenir le nouveau président (mail reproduit dans l’annexe 3 du rapport de l’IGJS), le trafic est présenté de la manière suivante :



Dans ce mail, Bernard Giudicelli raconte donc que, en mai 2010, il a mis « en évidence un véritable réseau de revente entre les anciens joueurs de coupe Davis et des sites américains ». Le courriel poursuit : « De grands noms du tennis français circulaient sur des billets revendus jusqu’à 30 fois le prix. Bref, Roland-Garros avait généré un véritable commerce parallèle. Je décidai donc d’y mettre un terme par un plan qui fut approuvé un an plus tard par le comité de direction. Dans le même temps, nous décidâmes d’une amnistie générale pour tous les faits constatés. »



Et dans le lot de ceux qui participent à ce trafic, il y a donc Jean Gachassin lui-même, avant et après son accession à la présidence de la FFT.

Le rapport explique ceci : « Ces ventes privilégiées de billets auraient été effectuées, à différentes reprises avant 2009, ainsi qu’en 2009 et 2010, notamment au bénéfice d’une agence de voyage du sud-ouest de la France pour un volume important (de 250, 600 ou 700 billets selon les sources). Ces places auraient ensuite fait l’objet de reventes à des voyagistes étrangers par la société en question avec des marges importantes, en contradiction avec le règlement général qui régit la commercialisation de ces places et au détriment des intérêts de la FFT. »



Dans son mail du 25 janvier 2016, dont nous venons de prendre connaissance, Bernard Giudicelli apporte cette précision : « [Jean Gachassin] avait chaque année l’habitude de faire la même chose quand il était président de la ligue de Midi-Pyrénées en vendant [à des connaissances ou à un voyagiste] à la valeur faciale les 600 places de la ligue. »



Dans un article en date du 29 juin 2016, Le Canard enchaîné assure que l’enquête préliminaire ouverte ultérieurement par le Parquet national financier aurait mis au jour des documents attestant que des pratiques similaires ont été en vigueur dans le passé dans les deux ligues de tennis de Corse et de Franche-Comté, présidées par… Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, lesquels s’affrontent donc aujourd’hui pour succéder à Jean Gachassin à la présidence de la FFT. Comme on le verra plus loin, Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, interrogés par Mediapart, opposent un démenti catégorique à ces informations.



Manquements à l'éthique et à la probité



3. Les écarts de conduite de Jean Gachassin



Ce système de trafic de billets n’est pas le seul manquement que le président de la FFT aurait commis. Le rapport pullule d’autres détails : sur des scènes d’ivrognerie, sur des manquements à l’éthique en tout genre, sur des manquements à la probité…



Le rapport note en particulier ceci : « L’exercice de ses fonctions par le président de la FFT : les déclarations entendues par les rapporteurs et les documents qui leur ont été communiqués contribuent à caractériser une situation dans laquelle le président se singularise par des écarts de conduite, différents manquements à la probité et à la discrétion ainsi qu’une absence de discernement, celle-ci allant jusqu’à la mise en risque des intérêts de la fédération dans la conduite des dossiers majeurs. »



Dans une lettre en date du 7 mars 2015 à Jean Gachassin, les principaux dirigeants de la fédération écrivent ceci : « Il est inconcevable de voir que des énormes investissements de toute nature consacrés à ce dossier [celui de la modernisation du stade de Roland-Garros – ndlr] depuis des années pourraient être remis en cause du seul fait de ton comportement. Cette situation est d’autant plus choquante qu’elle fait suite à d’autres débordements de ta part, sur lesquels nous t’avons averti à plusieurs reprises, ce qui n’a manifestement, malgré tes engagements répétés, rien changé à ton comportement. »



Le rapport note qu’une nouvelle lettre en date du 20 mars 2015 (figurant à l’annexe 6) est adressée à Jean Gachassin par le vice-président, le secrétaire général et le trésorier général ; lettre qui confère au secrétaire général une sorte de « mandat de surveillance ». La lettre (dont on peut consulter un extrait ci-dessous) demande au président d’avoir « une attitude en relation avec l’image que doit présenter en tous lieux et en tous temps le président de la Fédération Française de Tennis » ou encore d’adopter « une conduite irréprochable dans le respect des règles qui permettent la mise en œuvre des obligations fédérales dévolues au Président ».



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Le rapport ajoute : « C’est sur la base du “mandat” conféré par cette lettre du 20 mars 2015 que le directeur général adresse une note d’instruction aux responsables du cabinet du président. Dans cette note du 4 mai 2015 (annexe 4), il est ainsi demandé aux deux collaboratrices du cabinet du président de lui rappeler “si nécessaire” qu’il “doit respecter les demandes qui lui ont été faites lors de la réunion du 24 avril dernier, en matière de comportement (consommation d’alcool, présence inappropriée, etc.)”. »



4. Une tentative de trafic d’influence



Si le président de la FFT est placé sous tutelle – ou sous curatelle, on peine à savoir quel terme est le mieux approprié –, c’est qu’une autre affaire est intervenue à la même époque. « Le nom de M. Gachassin est en effet apparu, au cours du premier trimestre 2015, dans une tentative de trafic d’influence concernant l’attribution des marchés de travaux publics pour l’extension du stade de Roland-Garros », explique le rapport.



Un proche de Jean Gachassin, ancien rugbyman du Racing Club de France, Hervé Fleureau, fait ici son apparition dans l’histoire. « À plusieurs reprises, M. Hervé Fleureau, en se prévalant de sa proximité avec le président de la FFT, s’est manifesté auprès de responsables des entreprises de travaux candidates aux différents appels d’offres lancés par la FFT pour l’extension et la modernisation du site de Roland-Garros. Ce même “intermédiaire” aurait organisé au moins un contact entre un représentant de l’entreprise Vinci et le président de la FFT », explique le rapport.



Les principaux dirigeants de ma fédération ont donc conduit une opération de « recadrage », selon le mot du rapport, sommant Jean Gachassin de s’expliquer. On trouve leur courrier en date du 7 mars 2015 à l’annexe 7 du rapport et la réponse du président de la FFT à l’annexe 8.



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« Nous décidâmes une amnistie générale pour tous les faits constatés »



5. Le pacte de silence



Ce rapport de l’Inspection générale de la jeunesse et des sports réserve une ultime surprise : il révèle dans quelles conditions les dirigeants de la fédération ont décidé, face à cette cascade de scandales, de procéder en interne à une amnistie concernant les trafics de billets, et de conclure entre eux – c’est la formule des rapporteurs – une sorte de « pacte de silence ».



Explication du rapport : « La gestion de ces différents manquements de la FFT : il apparaît que, assez rapidement, les problèmes liés au comportement de M. Gachassin ont entraîné une relative mise à l’écart de celui-ci pour la gestion des dossiers majeurs de la FFT, cet aménagement s’accompagnait d’un pacte de silence dont la motivation première (…) était, après les difficultés connues sous la présidence présidente, de “protéger les intérêts supérieurs de la fédération” en évitant tout scandale de nature à nuire au bon aboutissement du projet d’extension du stade de Roland-Garros (…). Les faiblesses du président de la FFT ont été, pendant cette période, autant combattues qu’exploitées par son environnement. Le maintien du statu quo en 2013, qui rend possible un second mandat du même président, alors que ses difficultés sont connues, est une illustration parmi d'autres de cet accommodement. »



Plus loin, le rapport relève des « manquements à l’éthique et à l’exemplarité de M. Gachassin ». Et il ajoute : « Il a été signalé de façon récurrente aux rapporteurs que ces changements dans la gouvernance de la FFT avaient entraîné une mainmise progressive du secrétaire général de la fédération sur l’ensemble des rouages fédéraux et donc une mise en risque technique et juridique, au moins provisoire, dans la conduite de certains dossiers qui n’étaient pas, antérieurement, placés sous son pilotage. »



Le rapport ajoute : « Dans “l’intérêt supérieur de la fédération” le premier cercle des dirigeants, informé de ces manquements, a opté, non sans débats, pour le silence. Cet accommodement avec la réalité a eu des conséquences en termes de gouvernance dont le fonctionnement actuel s’éloigne des dispositions statutaires ». Plus loin, on lit encore ceci : « Selon certains interlocuteurs des rapporteurs, les manquements du président étaient connus avant même son élection. »

Et pourquoi donc les autres dirigeants de la FFT ont-ils opté pour ce choix ? Le rapport donne l’explication de Bernard Giudicelli, qui apparaît dans le mail déjà évoqué, celui du 25 janvier 2016 (annexe 3), au sujet du trafic de billets. Expliquant que le trafic a été arrêté, le secrétaire général précise : « Dans le même temps, nous décidâmes une amnistie générale pour tous les faits constatés. » Et plus loin, il ajoute : « Les faits remontent donc à 2010. Ils ont été rectifiés en interne. De plus, concrètement, le seul préjudice subi l’a été par la Fédération car il n’y a eu aucun enrichissement personnel de Jean ; autrement dit, confirmé par notre avocat, le dossier est pénalement vide. »



En plusieurs passages, les rapporteurs contestent cette appréciation de Bernard Giudicelli. Commentant ce mail, ils ajoutent aussitôt : « Les rapporteurs ne partagent pas cette analyse. » Et cela continue ainsi : « Par ailleurs, à la lumière de ce document, le pacte de silence qui s’est mis en place apparaît ici sous un jour un peu nouveau au vu du peu de cas qui est fait de “l’intérêt supérieur de la fédération” qui subit en effet le préjudice. (…) Il est révélateur à ce sujet d’observer que certains faits qualifiés de “graves” par nos interlocuteurs n’ont pas entraîné de prise de décisions correctives réelles mais simplement des accommodements. La reconduite de M. Gachassin dans son mandat est une autre illustration de ce fonctionnement. (…) La notion de “l’intérêt supérieur de la Fédération”, si souvent mise en avant, apparaît là encore quelque peu malmenée. »



Les rapporteurs soulignent d’ailleurs d’une autre manière qu’il est erroné de prétendre que le dossier soit pénalement vide. Au détour d’une autre démonstration, ils rappellent en effet que la revente de billets est prohibée par les conditions générales de vente. Et surtout, le trafic est clairement réprimé par l’article 313-6-2 du code pénal.



6. Les réponses des dirigeants de la FFT



Mediapart a sollicité Jean Gachassin, ainsi que deux des dirigeants qui apparaissent dans ce rapport et qui sont aussi rivaux dans le processus électoral devant désigner dans les prochaines semaines le nouveau président de la FFT, Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, pour obtenir leurs remarques ou observations. On trouvera sous l’onglet Prolonger associé à cet article les questions que nous leur avons posées, ainsi que les réponses qui nous sont parvenues.



Refusant de répondre précisément à nos questions, Bernard Giudicelli nous a fait parvenir un courriel, affirmant en particulier ceci : « Vos questions reposent sur un rapport de l’Inspection Générale de la Jeunesse et des Sports et sur une enquête préliminaire qui, à ce stade, ne sont pas publics et auxquels, pour ma part, je n'ai pas eu accès. Il ne m’est donc pas possible de répondre à ces questions hormis de vous signaler, au sujet de la mise en cause personnelle “par des témoignages”, la plainte que j’ai déposée pour dénonciation calomnieuse au-titre de l’article 226-10 du Code pénal auprès du Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Paris. » Il conteste par ailleurs les informations du Canard enchaîné selon lesquelles il aurait lui-même participé, dans le passé, à des reventes de billets, et nous a renvoyés à un communiqué de la ligue de tennis de Corse daté du 2 juillet dernier qui dément ces faits. Ce communiqué peut être consulté sur le compte Twitter de la ligue de Corse. Nous l'avons aussi reproduit sous les réponses des dirigeants de la FFT, tout en bas de notre onglet Prolonger.



De son côté, Jean-Pierre Dartevelle (dont les réponses intégrales sont aussi dans notre onglet Prolonger) n'a pas davantage souhaité répondre point pour point à nos interrogations, mais a préféré nous apporter notamment ce commentaire : « Concernant le fonctionnement de la Fédération Française de Tennis, lors de la mission d’inspection menée par l’IGJS, j’ai donné aux inspecteurs, de manière constructive et sincère, l’ensemble des explications qui éclairent les choix faits collectivement à ces moments-là, et pour lesquels je me suis positionné en fonction des éléments objectifs portés alors à ma connaissance. Je vous précise d’ailleurs que je n’ai toujours pas connaissance du rapport de l’IGJS. »



Enfin, Jean Gachassin, de son côté, a démenti toutes nos informations (voir aussi l’onglet Prolonger). « Je conteste l’existence du moindre trafic de billets et donc je conteste en être en quoi que ce soit “l’organisateur” », nous a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Le contingent de billets attribué au Président de la Fédération, comme aux Présidents des Ligues a toujours existé. Ces billets étaient achetés à la Fédération qui percevait l’intégralité de leur valeur. Il n’y avait donc aucune contravention à la loi. » Le président de la FFT conteste aussi le moindre « manquement à l’éthique » ou « le moindre trafic d’influence ». Il nie enfin avoir été mis sur la touche et dit assumer « pleinement ses fonctions » de président jusqu’à la fin de son mandat.



8. Des élections à l’aveuglette



Le moins que l’on puisse dire, c’est que les élections actuellement en cours qui doivent conduire dans les prochaines semaines à la désignation du successeur de Jean Gachassin à la présidence de la FFT se déroulent donc dans de stupéfiantes conditions. Car à l’évidence, la FFT est gravement malade, mais les licenciés et leurs représentants départementaux ou régionaux ne sont informés de la gravité des faits que par des enquêtes de presse. Comment peuvent-ils donc départager honnêtement les candidats qui briguent leurs suffrages ? C’est évidemment impossible ; et le scrutin en sera naturellement entaché.



Il le sera d’autant plus que Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, qui briguent le poste, sont concernés au premier chef par l’une des critiques majeures de ce rapport : s’en être tenus à des « accommodements » tout en respectant un « pacte de silence ». En la matière, aucun des deux ne peut se présenter comme le « Monsieur Propre » de la fédération, car tous ces accommodements ainsi que le pacte ont été décidés de manière collégiale.



C'est d'ailleurs de cet argument que joue le troisième postulant, Alexis Gramblat, que les spécialistes présentent comme un outsider (voir ici un entretien avec lui). Sur le système de billetterie, voici ce qu’il a confié à Mediapart : « Je dénonce sans relâche depuis neuf mois ces problèmes, qui sont connus depuis les articles de presse du début de l’année à ce sujet. Ce qui n’était pas connu avec autant de précision, c’était l’ampleur de ce qu’il faut bien appeler un “trafic”. Je n’ai pas envie d’accabler Jean Gachassin qui s’en va, mais on connaît la difficulté pour les licenciés d’obtenir des billets de Roland-Garros ; en vendre entre 250 et 600 par an à des sociétés commerciales, c’est choquant vis-à-vis de ces licenciés ! Je ne dis pas qu’il y a eu enrichissement personnel, mais malgré tout, des règles éthiques, morales et peut-être légales ont été violées. La justice est saisie, on verra ce qu’il en ressort. » Concernant le « pacte de silence », il est tout aussi critique : « Là encore, je dénonce ce type de comportement de nos dirigeants fédéraux depuis le début de ma campagne. Visiblement, les problèmes étaient connus d’eux depuis 2010. C’est à cette époque que le pacte de silence et “l’auto-amnistie” ont été conclus. Certains dirigeants comme monsieur Giudicelli ont décidé de fermer les yeux pour s’approprier le pouvoir en mettant Jean Gachassin sous “tutelle”. Ils l’ont même reconduit en 2013 pour continuer dans ce mode de fonctionnement qui leur allait bien. C’est purement scandaleux. Ces gens-là ne méritent plus de diriger la fédération, ils se sont disqualifiés et déshonorés. J’en appelle aux ministre et secrétaire d’État compétents afin qu’ils prennent enfin leurs responsabilités et les mesures qui s’imposent pour cette fédération », nous a-t-il confié.

Nous avons nous-mêmes interpellé sur ce point le secrétariat d’État chargé des sports. Sans grand succès. On nous a répondu que le ministère avait fait son office en procédant à un signalement au parquet, mais qu’il ne pouvait rien faire d’autre. Terrible aveu d’impuissance ! Même si la fédération est chargée de missions de service public et brasse de l’argent également public, le gouvernement renonce à faire quoi que ce soit d’autre. La FFT comme un bateau ivre…
RiverPlate
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C'était l'arnaque et tu l'as trouvé, bravo :p :)
anthonylg
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anthonylg  FTG FTC
Pff, alors qu'ils font une offre en ce moment à 1 euro pour 15 jours, tu t'y prends mal RP :p
RiverPlate
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Soutirage !
anthonylg
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anthonylg  FTG FTC
Tu parles du prix de l'abonnement ou tu essayes de me soutirer de l'argent? :)
RiverPlate
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10€ :)